CE QUE REVENDIQUE AUDACE53

La période électorale 2022 a été l'occasion pour AUDACE53 d'interpeller les candidats aux élections présidentielles et législatives.

L'association leur a donc demandé de se prononcer sur une liste de 28 revendications.
Ce sont ces revendications, principales mais non exhaustives, qui constituent la base de nos interventions.

DISSOLUTION  DES ARS 

ET MISE EN PLACE D'UNE VERIRABLE DEMOCRATIE SANITAIRE

Avant de détailler les mesures que nous souhaitons voir s'appliquer, il en est une qui est la « mère » de toutes les autres : la dissolution des ARS et la « re départementalisation » de l'administration de la santé, à l'image par exemple, du fonctionnement de l'Éducation Nationale.

Il n'est plus possible que des hauts-fonctionnaires décident, loin et seuls, de ce qui est bon pour les territoires et donc pour la population.

Les ARS sont des administrations aux effectifs pléthoriques qui n'ont de compte à rendre qu'au ministre, souvent dans la plus complète opacité, parfois dans la plus parfaite ignorance des besoins réels des « territoires », et régulièrement le plus grand mépris, des élus territoriaux, des professionnels et de la population.

La voix des usagers, comme celle des soignants et des élus, ne peut être réduite à une présence symbolique dans les actuelles instances consultatives de la santé. La mise en place d'une véritable démocratie sanitaire implique une véritable écoute et prise en compte des attentes de la population.

A tous les niveaux, un triumvirat soignants-élus territoriaux et usagers doit être consulté et orienter les décisions.

Le triumvirat oriente, l'administration administre.

A - Hôpital public

Est-il nécessaire d'insister longuement sur la situation catastrophique de l'hôpital public ? Les difficultés existaient bien avant la crise sanitaire que nous traversons depuis plus de deux ans et le Covid n'a fait que les accentuer en révélant l'ampleur d'une situation découlant de plusieurs décennies continues d'abandon.

Paradoxalement, la fuite des soignants, amorcée dès avant la crise, s'est amplifiée depuis le « Ségur de la santé » et met aujourd'hui la plupart des établissements dans l'obligation de fermer des lits faute de personnel.

La revalorisation n'est pas la seule réponse. Il faut que l'hôpital public retrouve son sens premier et offre à ses soignants des conditions de travail dignes et seules susceptibles de redonner confiance et engouement pour leur métier. Seule cette confiance, ce sens retrouvé, peuvent permettre de redonner de l'attractivité et de la stabilité, au plus grand bénéfice des patients.

  1. Abandon immédiat de la Tarification à l'acte (T2A), financement des établissements hospitaliers en fonction des besoins et non des ressources ;

  2. « Sanctuarisation » du ratio minimal : 1 Centre Hospitalier MCO pour un bassin de population de 100 000 habitants, 1 maternité et 1 service d'Urgences à moins de 30mn de tout habitant ;

  3. Consolidation et renforcement du réseau d'hôpitaux de proximité en relation avec les structures d'accompagnement et d'accueil des personnes âgées et/ou dépendantes ;

  4. Mise en place d'un ratio contraignant infirmier(e)/patient et aide-soignant(e)/patient voisin de 1infirmier(e) DE + 1 Aide-soignant(e) DE pour 8 lits le jour et 12 la nuit (réellement en situation de soin) à l'image de ce qui existe en réanimation ;

  5. Révision de la grille salariale des médecins et des soignants, ainsi que de la rétribution des internes proportionnellement à la qualification et au temps travaillé afin de renforcer l'attractivité, en particulier des petits et moyens établissements ;

  6. Révision des rapports secteur public/secteur privé ; subventionnement réservé au secteur public (hors SS) ;

  7. Révision de la présence du secteur privé à l'intérieur de l'hôpital public (ordonnance du 29 décembre 1958): priorité absolue de l'utilisation des équipements au public, limitation des tarifs de consultations privées au sein de l'hôpital public, respect et donc contrôle des quotas de patients privés.

  8. Rééquilibrage du rapport administratifs/soignants au sein des établissements ;

  9. Remise en cause de la gouvernance actuelle des établissements : les administratifs doivent être au service d'un triumvirat soignants-élus locaux-usagers.

B - Déserts médicaux

Là aussi, il n'est pas nécessaire de s'étendre pour présenter ce point. Cinquante années de Numerus Clausus ont abouti à une insuffisance de présence médicale presque sur l'ensemble du territoire, même si certaines zones sont largement mieux loties.

Pourtant, paradoxalement, il n'y a « jamais eu autant de médecins».

Certes, mais la population a augmenté de 31 % en 50 ans, elle a vieilli et le « corps sociologique » des médecins a été profondément modifié.

Le nombre de médecins généralistes, lui, diminue chaque année, la moitié a plus de cinquante ans, le tiers plus de soixante. L'embellie promise pour 2025 n'est plus qu'un mirage qui s'éloigne au fur et à mesure que l'on avance. Quant au Numerus Clausus, il a été remplacé par un Numerus Apertus, délégué aux ARS et aux universités, tout aussi sélectif et largement dépendant des capacités de formation qui n'ont pas été augmentées. La réforme Vidal semble même avoir amplifié la sélection. Quatre-vingts pour cent des étudiants de 1ère année n'accèdent toujours pas à la deuxième année. Un immense gâchis humain. Un immense gâchis pour la société.

Effets à court terme :

  1. Lancement d'un grand plan de recrutement international de médecins dans les pays sur-dotés (avec accélération des procédures de reconnaissance des diplômes) ;

  2. Régulation de l'installation selon les besoins des territoires ;

  3. Réglementation du temps de remplacement (temps entre fin d'études et thèse qui ouvre à l'installation) ;

  4. Aide à la mise en place de Centres de soins (praticiens salariés), simplification des processus administratifs et obligation de financement par l'État et les collectivités territoriales au moins à hauteur des Maisons libérales de santé ;

  5. Formation d'IPA destinés non pas à pallier le manque de médecins mais à venir en appui de leurs interventions dans le cadre du parcours de santé ;

Effets à moyen et long termes

  1. Abrogation de la loi Vidal réformant les études de médecine (PASS/L.AS), réforme totale des études de médecine et révision de la durée des études passées de 9 à 10 ans alors qu'on manque de médecins ;

  2. Abrogation du Numerus Apertus, recrutement aligné sur les besoins prévisibles et augmentation des moyens aux universités pour accroître les possibilités de formation ;

  3. Aide contractualisée au financement des études des étudiants de milieux défavorisés socialement et géographiquement ;

  4. Stages de fin d'internat en milieu sous-doté.

C - Accompagnement des personnes vieillissantes, et/ou dépendantes, EHPAD

La question des EHPAD est (mal)heureusement revenue à la une de l'actualité suite à la sortie de l'enquête de Victor Castanet publiée il y a quelques semaines sous le titre « Les fossoyeurs ». Pourtant, aussi accablantes soient les révélations de cette enquête, les inquiétudes ne sont pas nouvelles et ceux qui s'en offusquent, auraient dû prendre connaissance des 13 rapports parlementaires rédigés ces 10 dernières années et notamment celui rendu en 2018 par les députées Caroline Fiat (LFI) et Monique Iborra (LREM) provoqué, entre autres, par la longue grève des personnels des Opalines, dans le Jura, en juillet 2017.

Nos aînés sont mal traités. En deux mots. Non pas par le personnel, dévoué dans l'extrême majorité des établissements, mais par l'institution elle-même, du fait du manque criant de moyens, humains particulièrement.

Le nombre de personnes de plus de 85 ans va être multiplié de 3,2 d'ici 2050, les personnes âgées dépendantes par 1,7 dans le même temps. C'est une véritable révolution démographique à laquelle seule une véritable révolution des mentalités et des moyens peut répondre.

L'EHPAD du XXème siècle, c'est terminé.

On doit non seulement repenser complètement le fonctionnement des EHPAD mais AUSSI la façon d'accompagner le vieillissement et la dépendance, en diversifiant les structures d'accueil, en privilégiant les petites structures, en les mettant aux cœurs des villes

Cher ? Sans doute. Mais la France est aujourd'hui l'un des pays « occidentaux » qui consacre la plus faible part de son PIB aux personnes âgées.

EHPAD :

  1. Augmentation du ratio salariés (tout confondu)/résidents en EHPAD, actuellement à peine supérieur à 60 salariés pour 100 résidents (0,63) pour tendre par étapes vers 80, 100 voire 120 salariés pour 100 résidents ;

  2. Privilégier les petites structures (20 à 60 résidents, voire 20 à 30) en les finançant mieux ;

  3. Interdiction des établissements privés à but lucratif ;

  4. Diminution jusqu'à exonération du reste à charge pour les résidents ou leur famille ;

Autres structures et modes d'accompagnement

  1. Multiplication et diversification des différents modes d'accueil et d'accompagnement depuis le maintien à domicile jusqu'à l'EHPAD, et les intégrer au sein dans la ville ;

  2. Renforcement des aides aux initiatives locales (maisons partagées, MARPA, autres résidences autonomie, accueil familial...) associatives ou émanant des collectivités territoriales ;

  3. Développement des accueils ponctuels ou de jour pour soulager les aidants ;

Pour tous les personnels Aides à domicile, AMP et personnel d'EHPAD

  1. Recrutement, formation et qualification massifs de personnels pour maintenir à domicile tant que cela est possible et souhaité, et accompagner dans les structures d'hébergement ;

  2. Révision des grilles salariales de tous les personnels pour valoriser et rendre attractive la fonction .

Saisissez-vous de ces revendications.   Ensemble, usagers-professionnels-élus, PORTONS-LES !