Les Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT)

22.06.2017

"Les GHT, un an après". Par cette enquête menée en ligne via l'institut Ifop auprès de 1 089 directeurs et cadres de direction* entre le 19 mai et le 7 juin (à télécharger ci-dessous), le Syndicat des manageurs publics de santé (SMPS) livre un constat, qui n'est guère enthousiasmant, de la réforme emblématique en matière hospitalier du précédent quinquennat.

lire ICI

Les textes de référence 

Article 107 de la loi de modernisation du système de santé
Article L.6132-2 du code de la santé publique (CSP)
Articles R.6132-6, R.6132-7 et R.6132-8 du CSP

La répartition nationale

La répartition en Pays de Loire

Compte rendu de la réunion du 4 avril à Mayenne sur les GHT

compte-rendu "officiel" par l'agence Res publica responsable de la consultation ICI

Présentation

Fin février, nous (AUDACE53) sommes contactés par le cabinet «RESPUBLICA» (*) en la personne de Gilles Laurent Reyssac, qui nous apprend être mandaté par le ministère de la santé, via la Fédération Hospitalière de France, pour mener une concertation sur la mise en place des Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT). Lors d'un échange téléphonique, nous expliquons la genèse de l'association, ses inquiétudes et ses revendications telles qu'elles commencent à se définir. M.Reyssac nous informe que 3 réunions vont être organisées d'ici fin avril sur le département, dont 1 à Mayenne même et nous invite à y participer.


Le 25 mars, nous apprenons par la presse que cette réunion aura lieu le 4 avril aux Châteliers. Dans les jours qui suivent, nous recevons une invitation de M.Reyssac, puis de la direction du CHNM.

Sans illusion sur la portée démocratique de cette consultation, mais décidés à faire entendre notre voix, nous décidons de répondre aux invitations.

Les adhérents de l'association sont invités à participer à la réunion.

Monique Fontaine, Marie-Line Veillé et Georges Rousseau y représentent directement AUDACE53.



Compte-rendu


29 participants dont une vingtaine de membres d'AUDACE53 et des syndicats du CHNM.

Pour les officiels : M. Angot, maire de Mayenne, M. Pors et Mme Creuzet, directeurs des Hôpitaux de Laval et Mayenne, M. Lavandier président du collège médical du GHT

M.Lenoir, maire de Villaines la Juhel était présent en tant que participant.


Ouverture par M. Angot et présentation par Respublica (*), mandaté par la Fédération Hospitalière de France suite à un appel d'offre lancé par le ministère.


Objet de la réunion : en tant qu'usagers, répondre à des questions que se posent les médecins, dans le cadre du projet médical partagé.


Présentation du GHT par M.Pors, directeur de l'hôpital support (Laval)

Pour l'instant il n'y a qu'une convention, le projet médical partagé doit être prêt pour le 1er juillet 2017.

Objectif : mieux travailler pour mieux soigner.

  • 150 professionnels réunis régulièrement

  • bien définir l'offre de soins

  • gérer la démographie médicale, augmenter l'attractivité du territoire

  • -mieux préciser l'offre de soins de proximité et la consolider.

Dr Lavandier : coopérations médicaux et soignants 3 objectifs :

  1. Coordonner les parcours de soins établis ensemble en développant le lien médecine de

  2. ville -hôpital et le maillage de proximité

  3. Organiser la filière de soins,

  4. Développer les activités (présence ponctuelle de spécialiste, Visio consultation.)


Peu de place à la discussion à ce stade. On nous assène des informations, pour ne pas dire des « vérités » qui ne laissent place qu'à peu de remise en cause. Les échanges sont censés avoir lieu après le travail « en groupes ». Nous contestons ce dispositif dans la mesure où il est plus facile et agréable de discuter avec la totalité des participants, le nombre de présents (29) n'étant pas un obstacle à l'expression de chacun. Déjà, l'inscription sur Internet a pu décourager de potentiels participants.

Nous regrettons cette organisation et en déduisons qu'on cherche peut-être à diluer la « contestation » dans des petits groupes.

L'animateur indique que c'est « sa » méthode de travail et que les interventions se feront après la mise en commun.

Remise des questionnaires.

6 questions, 3 par tables (4 tables):

  • les souhaits pour la santé,

  • les images positives et négatives renvoyées par l'hôpital,

  • les critères de choix d'un hôpital,

  • les raisons qui empêchent de se soigner,

  • les soins à garder à proximité et ceux pour lesquels on accepte de se déplacer,

  • l'accueil des patients à l'hôpital.


Devant un traitement aussi « scolaire », certains se posent la question de partir.

Finalement nous répondons succinctement en attendant les questions issues de la mise en commun.

Cette mise en commun, après environ 3/4 d'heure de travail par tables fait ressortir les sujets que nous défendons :

  • Maintien des services existants et développement,

  • Reconnaissance de la qualité des soins et du personnel de l'Hôpital

  • Manque de personnel médical et para médical,

  • Manque de médecins de ville et de spécialistes, délais trop longs,

  • Problèmes liés aux transports et à leur prise en charge

Le - court - débat qui suit permet tout de même de poser un certain nombre de problèmes liés à la mise en place du GHT notamment la tentation d'hégémonie de l'hôpital support et les risques de fusions ou d'intégrations de centres hospitaliers.

M. Pors et M. Lavandier tentent de rassurer sur ces points : pas de risque puisque le CH de Laval a 6 voix au collège médical, contre 4 pour Mayenne et Chateau-Gontier, et 2 pour chacun des 4 hôpitaux locaux. De plus, le président du collège médical (Dr Lavandier) est de Mayenne, ce qui, selon nos interlocuteurs est une garantie que le CH de Laval ne veut ni ne peut « absorber » les autres centres hospitaliers.

Un risque est cependant reconnu lorsqu'il y a un CHU dans le GHT.

Ces affirmations ne nous rassurent que très partiellement... D'autant moins qu'un salarié syndicaliste rappelle l'ordonnance qui vient d'être signée dans la plus grande discrétion pour faciliter les fusions de centres hospitaliers. Aucune réponse sur ce point.

Pas plus que sur la possibilité, inscrite dans le décret, de transfert de « matériel lourd » à l'intérieur du GHT, ni de la possibilité de faire « circuler » des personnels soignants d'un centre hospitalier à un autre selon les besoins définis par le projet médical... ou par les nécessités ponctuelles.

Le maire de Villaines pense lui que le GHT permet de reconnaître le rôle et la pérennité des hôpitaux locaux, ainsi que l'amélioration des liens avec les services de proximité (pôles ou maisons de santé).

Au sujet du transport il y a effectivement un problème pour les consultations, cela relève de la sécu « qui doit évoluer », problème aussi pour les sorties après 21h (plus de transport public). M.Pors évoque un service d'hôtellerie pour les patients soignés à réfléchir car cela arrive ponctuellement à l'hôpital de Laval (**).

Au sujet des risques de fermetures de services, la question de la menace qui pèse sur le secteur psychiatrique est posée. Où serait intérêt pour les usagers?

Mme Creuzet, directrice du CHNM se veut rassurante, affirme que la psychiatrie n'est pas menacée, qu'il n'y aura pas de nouvelles fermetures de lits après celles de l'été dernier et insiste sur le rôle essentiel du CMP et le recrutement de psychiatres (on est arrivé à 5 sur 7postes).

M. Angot intervient pour parler du pôle santé et défendre énergiquement l'hôpital de Mayenne, sa qualité et la nécessité d'y conserver un directeur en insistant sur la vigilance des élus à ce sujet.

Il s'est par ailleurs dit « pas chaud pour le GHT » ....qu'il a pourtant voté en tant que président du Conseil de surveillance du CHNM comme le lui rappelle un participant !

Interventions des syndicats sur les méfaits de la politique santé actuelle et de ses mesures pour les soignants et les usagers.

Les "23 heures" fatidiques, fixées dès le début de la réunion, permettent d'éviter une discussion plus poussée.


Nos remarques

Cette soirée a laissé un goût amer : s'agissait-il d'une véritable consultation, d'une occasion véritable de laisser s'exprimer les inquiétudes, les interrogations des usagers, ou plus simplement d'une réunion visant à faire valider par une consultation de pure forme une « réforme » déjà votée et prête à s'inscrire dans la réalité ?

Poser la question, c'est déjà y répondre ...

Le fait est que la réunion était trop cadrée, c'était très dérangeant même si nous avons pu parler à la fin.

Nous y venions pour marquer notre présence sans illusions sur la valeur démocratique de ce type de consultation mais avec la volonté de faire entendre des voix dissonantes au consensus recherché.

Même s'ils ont en partie coupé court à une discussion approfondie, les questionnaires ont quand même fait ressortir certaines de nos revendications.

Piteux bilan pour une réunion de plus de 2 heures qui au bout du compte tient plus de la mascarade que d'un exercice de démocratie citoyenne.

Les présents qui ont vécu de précédentes réformes ont eu le goût amer du déjà vu : on vous écoute mais après on fait ce qu'on a décidé.

Reste à voir si ce sera pareil cette fois.

A nous d'être vigilants et d'être le grain de sable.



(*) société de conseil spécialiste de la stratégie et l'ingénierie de la concertation et du dialogue des parties prenantes, selon sa propre définition sur son site.

(**) M.Pors voudrait-il ici évoquer le décret permettant d'expérimenter les « hôtels non médicaux ambulatoires » qui vient d'être signé ? Il s'agit d'établissements hôteliers construits à proximité des centres hospitaliers, sans encadrement médical, pour accueillir - à leur charge bien entendu - les patients ayant subi une intervention chirurgicale ambulatoire sans possibilité de rentrer aussitôt chez eux. L'avenir (et la privatisation) est en marche !